Culture(s) et liberté(s)

Esprit de l’U.A.A.

Autant politique que métaphysique, cette U.A.A. propose de s’interroger sur la liberté des individus en tant qu’elle est liée à leur identité au sein de la société. Au niveau micro, elle peut s’apparenter à une recherche et un questionnement autour des facteurs qui influencent voire déterminent les individus. Cette influence peut être profonde allant jusqu’à remettre en cause la notion de libre-arbitre, comme plus superficielle portant alors davantage sur des prédispositions lors de l’établissement (voire du choix) de l’identité. Au niveau macro cette fois, il s’agira davantage d’interroger et d’analyser comment les identités collectives sont tantôt encouragées tantôt rejetées en fonction de situations concrètes limitant ou augmentant la liberté de l’individu qui s’y retrouve. En résumant fortement (peut-être un peu trop), l’approche micro portera davantage sur l’individu et la possibilité qu’il a de s’émanciper (s’il le veut) des déterminismes culturels tandis que l’approche macro portera davantage sur la place laissée à ces identités collectives d’exister de manière intègre dans la société.

Compétences

Problématiser la construction de l’identité singulière entre déterminisme socioculturel et liberté individuelle

Il s’agira de questionner et de mettre en évidence l’influence de la culture, de la situation matérielle et familiale des individus sur leur caractère, leurs désirs, leurs valeurs, leurs représentations du monde alors qu’ils sont en principe des individus libres.

Problématiser les éventuels dilemmes entre identité culturelle et participation à la vie de la cité

Il s’agira, à partir de situations concrètes, de relever et d’expliciter les inadéquations possibles entre des identités collectives et leur insertion active dans une société donnée.

Problématiser l’idéal d’universalité

Il s’agira, du concept d’universalité, de relever les fausses évidences et les difficultés qui apparaissent dans la mise en œuvre de catégories et de critères dits universels.

Glossaire des notions

(Universalité) Caractère de ce qui est universel. « On qualifie d’universelle une propriété en tant qu’elle s’étende à la totalité de l’univers. […] L’adjectif est le plus souvent utilisé avec une connotation positive, en lien avec les concepts connexes de vérité, de légitimité, de nécessité, ou de science. (source : Olivier Dekens, Philosopher, Les repères, Paris, Ellipses Marketing éditions, 2021, p. 110.)

(Singularité) Caractère exceptionnel de ce qui se distingue (en bien ou en mal) (source)

“Si la sociologie de Pierre Bourdieu est souvent accusée de déterminisme, c’est qu’elle accorde une place prépondérante à l’héritage. Nos actions seraient ainsi en grande partie influencées par l’héritage que nous transmet notre entourage familial. C’est sur ce point que le sociologue et ses contradicteurs se divisent : nos actes, et plus largement notre destin social, sont-ils entièrement déterminés par notre héritage ? […] La notion d’héritage est employée par le sociologue dans un sens beaucoup plus large que le sens commun : outre la richesse économique, nous héritons aussi d’un nom de famille, d’un niveau culturel, d’un réseau de relations… Parmi l’ensemble de ces patrimoines – qualifiés de « capitaux » –, Pierre Bourdieu s’est intéressé en particulier aux dispositions culturelles transmises au sein de la famille. C’est l’originalité de sa théorie que d’avoir mis l’accent sur l’importance du patrimoine culturel plutôt que sur celle du patrimoine économique dans le fonctionnement des sociétés contemporaines.” (source : Jourdain, A. & Naulin, S. (2011). Héritage et transmission dans la sociologie de Pierre Bourdieu. Idées économiques et sociales, 166, 6-14.)

« Le mot culture admet plusieurs acceptions qui ne se différencient pas toujours. Rapporté à l’humanité entière, il désigne une sphère de phénomènes et de productions qui paraissent, selon une vue aujourd’hui discutée, ne pas relever de lois physico-biologiques (« la nature »). Au sein d’une société ou d’une population déterminée, ces phénomènes sont censés faire système, sous les espèces d’une culture transmise à ses membres par toutes sortes de voies. La culture d’un individu est elle-même formée de tout ce qu’il a appris, directement ou non, des autres hommes, et qui se trouve, avec une valeur positive, réinvesti dans ses pratiques. Mais le mot se charge ici d’un sens normatif : on est dit avoir plus ou moins de culture (être plus ou moins cultivé), selon qu’on s’est plus ou moins familiarisé avec tout un ensemble de savoirs, d’arts et de langages. » (source : Denis Kambouchner in Alain Kerlan et Bérangère Kolly (dir.), Dictionnaire de philosophie de l’éducation, Notions essentielles, Paris, ESF Sciences humaines, 2021, p. 21)

« L’identité peut s’entendre comme mêmeté ou comme ipséité (voir Ricœur). Il existe donc deux concepts distincts. Le mot « identité » vient du latin idem qui signifie « le même ». Pierre est identique à lui-même, il est le même que lui-même : il est distinct de Paul et il est le même individu aux différents moments de sa vie. L’identité mêmeté se caractérise par le fait d’être distinct et par la permanence à travers le changement. Pour l’être humain, l’identité signifie aussi être soi-même. En ce deuxième sens, l’identité est ipséité, mot inventé à partir du latin ipse qui signifie « soi-même ». L’identité ipséité suppose l’identité mêmeté. Béatrice est devenu Paul, mais c’est le mêem individu. Et c’est en changement de genre que l’individu qui était Béatrice est devenu Paul, est lui-même. L’identité mêmeté distingue un individu d’un autre individu ; l’identité ipséité distingue, chez le même individu, être soi de ne pas être soi (être aliéné). » (source : Jean-Marc Lamarre in Alain Kerlan et Bérangère Kolly (dir.), Dictionnaire de philosophie de l’éducation, Notions essentielles, Paris, ESF Sciences humaines, 2021, p. 141)

(Acculturation) Sens « ethnologique » Modifications qui se produisent dans un groupe culturel [concernant la manière d’agir, de percevoir, de juger, de travailler, de penser, de parler] par suite du contact permanent avec un groupe (généralement plus large) appartenant à une autre culture. Sens ‘sociologique » Processus par lequel un individu apprend les modes de comportements, les modèles et les normes d’un groupe de façon à être accepté dans ce groupe et à y participer sans conflit. (source)

La déculturation est la perte ou l’altération de l’identité culturelle d’un peuple au profit d’une nouvelle culture ou de celle d’un individu de ce peuple ayant émigré dans un autre pays. (source)

La transculturalité par opposition à l’interculturalité, selon la définition de Chantal Forestal, vise bien plus qu’une acceptation et que la connaissance de l’Autre. Elle a pour objectif de transformer les représentations et les modes de penser les relations entre êtres humains en s’appuyant sur des valeurs humanistes « égalité, liberté, fraternité » et culturelles : la laïcité et le libre arbitre. (source : Blaise, M. (2008). De la pluralité culturelle à la transculturalité: L’apprentissage-enseignement d’une langue vivante peut-il avoir un rôle de trans-formation personnelle et collective ?. Éla. Études de linguistique appliquée, 152, 451-462.)

Dans Les bases de l’anthropologie culturelle, l’anthropologue Melville J. Herskovits (1895-1963) définit l’enculturation, comme le processus: « par lequel l’individu assimile durant toute sa vie les traditions de son groupe et agit en fonction de ces traditions. Quoiqu’elle comprenne en principe le processus d’éducation, l’enculturation procède sur deux plans, le début de la vie et l’âge adulte. Dans les premières années l’individu est conditionné à la forme fondamentale de la culture où il va vivre. Il apprend à manier les symboles verbaux qui forment sa langue, il maîtrise les formes acceptées de l’étiquette, assimile les buts de vie reconnus par ses emballages, s’adapte aux institutions établies. En tout cela il n’a presque rien à dire il est plutôt instrument qu’acteur. » (source)

Dans son acception commune, l’ethnocentrisme désigne l’attitude qui consiste à rejeter les normes et les valeurs d’une société ou d’un groupe culturel en tant qu’elles sont différentes des siennes propres. Cette attitude se retrouve de manière constante dans l’histoire des contacts entre cultures. (source : Géraud, M., Leservoisier, O. & Pottier, R. (2016). Chapitre 6. Ethnocentrisme. Dans : , M. Géraud, O. Leservoisier & R. Pottier (Dir), Les notions clés de l’ethnologie: Analyses et textes (pp. 81-93). Paris : Armand Colin.)

(Relativisme culturel) Idée selon laquelle les savoirs et les valeurs n’ont de sens qu’à l’intérieur du système culturel qui les a élaborés. (source : Barthoux, G. (2008). Le relativisme culturel. Dans : , G. Barthoux, L’école à l’épreuve des cultures (pp. 19-52). Paris cedex 14: Presses Universitaires de France.)

Le concept durkheimien d’intégration, dans l’histoire de la pensée sociale, est souvent associé à celui de socialisation, et on trouve clairement exprimée chez Talcott Parsons l’idée que les deux concepts se renvoient l’un à l’autre : parler de l’intégration, c’est évoquer le processus de socialisation des individus. La socialisation implique que ceux qui en bénéficient – classiquement, les enfants, plus récemment, les immigrés – trouvent leur place dans la société, dans la nation, dans les institutions dont ils acceptent et acquièrent les règles, les normes ou les valeurs. Elle est bonne pour la société, puisqu’elle lui apporte son ordre, son unité, et pour les individus qui, grâce à elle, trouvent leur place et peuvent mener leur existence. Ce concept n’est jamais très loin de celui de reproduction, puisque socialiser, c’est adapter les individus (à la nation, à la vie sociale, à l’ordre tels qu’ils sont) – Pierre Bourdieu, qui fit de la reproduction sociale une préoccupation centrale de son œuvre est à cet égard dans la filiation directe de Durkheim, et l’usage particulier qu’il fit du concept d’habitus ne doit pas nous faire oublier que le terme se retrouve déjà chez le même Durkheim. (source : Wieviorka, M. (2008). L’intégration : un concept en difficulté. Cahiers internationaux de sociologie, 125, 221-240.)

L’assimilation est un processus socioculturel par lequel une minorité n’est pas seulement tolérée et acceptée dans une société, mais perçue comme enrichissante. Par là- même, le potentiel culturel de la minorité devient attractif pour la majorité. Pour qu’une minorité puisse s’assimiler, il faut que la société majoritaire soit ouverte et tolérante et qu’elle autorise activement l’assimilation. Concrètement, cela signifie, par exemple, l’égalité des chances et des droits pour chacun, sur le plan économique, social, juridique et politique. Les structures de groupe ethniques disparaissent avec l’assimilation ce qui peut aussi entraîner la perte d’un mode de vie spécifique, d’une culture ou d’une pratique religieuse. (source : CCOJB)

L’expression repli communautaire (ou communautariste) signifie que les membres d’une communauté (ethnique, religieuse, géographique, etc.) se replient sur eux-mêmes, vivent entre eux, s’isolent au lieu de s’intégrer au sein du groupe plus large auquel ils appartiennent. (source)

La socialisation désigne le processus par lequel les individus intègrent les normes, les codes de conduite, les valeurs, etc. de la société à laquelle ils appartiennent. (source)

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Séquence

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D’ici peu (ce qui est relatif il faut l’avouer), vous trouverez une séquence et/ou des ateliers pour aborder l’U.A.A. 3.2.3. D’ici là, n’hésitez pas à consulter le glossaire et les ressources. Vous y trouverez, sans doute, des informations inspirantes pour vos cours.

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Quelques vidéos sur la culture et la liberté (identité)

Universel et identité

Explication des damnés de la terre

Qu’est-ce que l’intersectionnalité ?

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