Le philosopher et la philosophie
Philosophie et philosopher… pourquoi tout compliquer ?
Dans l’imaginaire collectif, la philosophie est le plus souvent attachée à un corpus de textes issus d’une tradition vieille de plus de deux mille ans. Forgée par les philosophes, cette discipline rigoureuse continue de s’imposer comme art du “penser juste” par son exigence et sa précision. De ce fait, elle se présente le plus souvent sous son aspect élitaire et difficile. C’est là un paradoxe. Alors que ses objets, universels par définition (la mort, le bonheur, la vérité, …), sont censés pouvoir être abordés par n’importe quel quidam, la philosophie se définit le plus souvent en rupture avec le commun et le “populaire”. Plus qu’une rupture même, elle tend parfois à l’exclusion. Il faut le comprendre, la philosophie est une chose sérieuse et complexe.
C’est contre cette idée, mais sans en renier le caractère exigent, que plusieurs philosophes et pédagogues ont œuvré depuis quelques décennies à construire et développer un autre rapport à la philosophie davantage basé sur sa pratique et, le plus souvent, dans un cadre collectif. Tantôt appelé “philosophie avec les enfants”, tantôt “nouvelles pratiques philosophiques”, nous lui préférerons le terme de “philosopher” qui, comme la nature du mot l’indique, place davantage l’accent sur la dimension active de la pensée. Un développement de la pensée qui, comme le rappellent ses plus éminents représentants, ne prétend pas se passer de la philosophie au sens classique.