Didactique de la philosophie et du philosopher
Non, la philosophie n’est pas à elle-même sa pédagogie !
Traditionnellement, l’apprentissage de la philosophie s’effectue par la rencontre entre un apprenant et des textes rédigés par des philosophes. Si quelques professeurs, voire précepteurs, peuvent servir d’intermédiaire et de facilitateur dans son apprentissage, la philosophie se présente le plus souvent comme activité solitaire face à un bureau dans une bibliothèque. L’omniprésence de cette image (caricaturale, il va sans dire) a pour conséquence de distiller l’idée que pour apprendre et faire de la philosophie, il faut lire et comprendre la philosophie ; la philosophie est à elle-même sa pédagogie. A l’instar du forgeron, on devient philosophe en philosophant c’est-à-dire en lisant des personnes qui présentent ou écrivent de la philosophie. Il n’y a rien de plus faux ! Ou, plus précisément, c’est aller un peu vite en besogne.
Quand on dit du forgeron qu’il le devient en forgeant, c’est pour souligner l’importance de la pratique et en affirmer la nécessité. Toute discipline quelle qu’elle soit, et la philosophie n’y échappe pas, suppose des écueils, des progressions liées à des degrés de difficulté, des résistances effectives faces auxquelles les élèves ne sont pas égaux. Faire apprendre c’est cela, c’est organiser pour faire progresser. Or, organiser ce n’est pas simplement choisir et présenter, c’est mettre en scène, confronter, évaluer, remédier, accompagner.
Enseigner la philosophie et faire philosopher c’est tout sauf compter les survivants… voyons comment y arriver.