L’État : pourquoi, jusqu’où ?

Esprit de l’U.A.A.

U.A.A. assez volumineuse, État : pourquoi, jusqu’où ? propose de plonger au cœur de la philosophie politique que ce soit par son versant historique (les différentes théories du contrat) ou conceptuel (État, souveraineté, idéologies,…). Se basant des objets denses et complexes (que ce soit l’anarchisme, le communisme, le libéralisme,…) elle se présente comme une séquence complémentaire au cours d’histoire de cinquième et du début de la sixième. En ce sens, il peut être intéressant de discuter avec le ou la collègue en question pour voir avec lui comment sont abordées les notions communes afin d’éviter les redites et autres distinctions non explicitées. De ce fait, on gagnera un temps précieux en évitant de devoir introduire complètement des points de matière qui auront ou seront peut-être vus à l’occasion des autres cours. Ainsi, on pourra se focaliser sur les éléments singuliers comme une approche philosophique de la création des États, ou une approche contemporaine de certaines idéologies minoritaires qui ne manquent cependant pas d’intérêt intellectuel et semblent être les parfaits tremplins pour plonger dans le questionnement parfois un peu étranger à la situation matérielle de nos élèves (dont la plupart ont un rapport au politique en termes de projections).

Compétences

Problématiser le concept d’État.

Il s’agira essentiellement de définir et d’interroger la notion d’État. A cette occasion, il sera question d’aborder des théories qui s’opposent à son caractère nécessaire ainsi que des théories qui en justifient le fondement.

Opter hypothétiquement pour un système politique et justifier cette prise de position.

Il s’agira, après avoir pris connaissance des différentes caractéristiques des idéologies politiques, d’amener les élèves à expliciter leur représentation du monde et leur valeur afin qu’ils identifies les formes d’organisation de la cité qui semblent leur correspondre.

Glossaire des notions

Autorité souveraine qui, par l’exercice de ses pouvoirs, représente et garantit l’unité et le fonctionnement d’une société sur un territoire défini. (source)

La liberté négative est l’absence d’entrave dans ses choix par les autres. Etre libre signifie alors être libre de toute intervention extérieure. C’est ainsi que les grands penseurs politiques anglais [Thomas Hobbes (1588- 1679), John Locke (1632-1704) et Adam Smith (1723-1790)] entendaient le concept de liberté.

La liberté positive est la possibilité de faire quelque chose, d’agir pour réaliser son potentiel personnel. Elle résulte du désir de l’individu d’être son propre maître, de faire en sorte que sa vie ne dépende que de lui et non de la volonté des autres.
Elle est synonyme d’autonomie et d’indépendance. (source)

Loi qui porte atteinte à la liberté, aux libertés. (source)

“Les idéologies sont constituées par, et constituent en même temps, des imaginaires sociaux, symboliques et politiques. Elles rassemblent, d’une part, des représentations plus ou moins fidèles de la société et du monde tels qu’ils sont et, d’autre part, des visions ou images d’un monde transformé et organisé selon des normes et des valeurs.” (source : Karim Piriou, Politikon, Paris, Nouveau monde éditions, 2023, p. 15.)

L’état de nature est un état fantasmatique, mythique, un artifice de la philosophie. Il a pour but d’imaginer comment les hommes se comporteraient si les règles des conventions sociales et les lois étaient abolies. Thomas Hobbes, sans doute le plus connu des théoriciens de l’état de nature, soutient que sans ces forces et ses lois, sans « contrat social » organisant nos rapports, nous serions dans un état de guerre de tous contre tous. Le monde ne serait que menaces, et l’« homme », selon l’expression devenue célèbre, serait un « loup pour l’homme » (homo hominis lupus). Dans cet état, l’homme ne serait gouverné que par une volonté de conservation de soi, ce que Hobbes nomme le conatus. (source : Maxime COULOMBE, Petite philosophie du zombie, Paris, PUF, collection La nature humaine, 2012, pp. 65-66.)

Cette expression désigne la représentation de la condition des hommes avant l’institution de la loi et de la société. Mais elle ne renvoie pas à un état historique, ni même préhistorique : l’état de nature est une fiction crée par la philosophie. Elle fut particulièrement développée par les auteurs de l’école du droit naturel, dans le but de penser ce que sont la loi, la société et la justice. Avec l’état de nature, il s’agit moins de connaître une phase historique de l’existence humaine, que de se représenter le « potentiel » social et civique de l’humanité, et d’assigner la réalité politique à ce potentiel. (source : Thierry Ménissier, Éléments de philosophie politique, Paris, Editions Ellispes Marketing, 2018, p. 82.)

On entend par « société » tout ensemble plus ou moins vaste d’individus entre lesquels existent pour une durée variable des relations organisées. Un simple agrégat fortuit d’individus réunis dans une salle de cinéma pour regarder un film ne fait pas encore une société. Pour qu’une somme d’individualités constitue une société, il faut que leur rassemblement témoigne qu’elles ont quelque chose en commun. […] Aussi parlons-nous d’une « société », au sens le plus général du terme, dès que nous avons affaire à un groupe de personnes réunies autour d’une activité commune ou pour la défense de certains intérêts communs. (source : Alain Renaut, Découvrir la philosophie, La politique)

Dans le langage courant, l’expression volonté générale désigne l’accord de toutes les volontés d’une population pour un objectif ou un désir commun.

Le concept de volonté générale a été créé par le philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) dans son ouvrage Du Contrat social (1762). Il correspond à l’ensemble des choix réalisés par tous les citoyens, chacun s’exprimant réellement pour le bien de tous et non pour son bien propre. Pour qu’il soit légitime, l’État doit être gouverné par la volonté générale qui, pour Jean-Jacques Rousseau, est représentée par la loi.

La volonté générale est l’avis qu’exprime un citoyen, sur une question d’intérêt général, en faisant abstraction de ses intérêts propres et immédiats, en toute conscience. Elle s’oppose donc à la volonté particulière, individuelle, à travers laquelle chaque individu recherche son intérêt personnel. (source)

Un État de droit est celui qui non seulement limite le pouvoir par la loi, ce qui par conséquent l’oblige, mais encore qui traite les hommes comme des sujets de droit et non comme des individus privés ; ce qui l’intéresse autrement dit chez les hommes, ce sont toutes les catégories qui les unissent comme citoyens en puissance ou en acte (écolier, contribuable, électeur), et non pas les opinions ou les choix qui les singularisent au risque de les diviser comme individus. La neutralité de l’État est par conséquence la condition de sa reconnaissance. Neutre, l’État ne doit pas l’être seulement vis-à-vis du pouvoir, il doit encore affirmer son indépendance à l’égard de la morale et des Églises, des convictions et des opinions, si l’enthousiasme qu’elles suscitent est susceptible de dresser les individus les uns contre les autres. (source : Alain Lagarde, L’État, le pouvoir, la violence, la société, Paris, Ellipses Editions Marketing, 2018, p. 13.)

(Anarchisme) “Il est donc littéralement l’absence de pouvoirs ou d’autorité. Ce qui ne signifie ni confusion ni désordre, si l’on admet simplement qu’il y a d’autres ordres possibles que celui qu’impose une autorité : voilà, exprimé le plus simplement possible, ce qu’affirme d’abord l’anarchisme. Cet ordre en l’absence de pouvoir, les anarchistes pensent qu’il naîtra de la liberté – de la liberté qui est la mère de l’ordre et non sa fille, comme l’affirmait Pierre Proudhon. Pour le dire autrement, l’anarchisme pense que le désordre, après tout, ce peut bien n’être que “l’ordre moins le pouvoir”, selon ce beau mot de Léo Ferré. (source : Normand Baillargeon, L’ordre moins le pouvoir, Histoire et actualité de l’anarchisme, Marseille, Agone, 2008. (2001), p. 22.)

Communisme) Organisation sociale conçue par Marx comme le stade ultime de l’évolution sociale activée par la lutte du prolétariat et devant aboutir à une société sans classes, sans propriété privée, sans exploitation de l’homme par l’homme, les biens étant distribués à chacun selon ses besoins. (source)

Le libertarianisme se revendique en dehors des clivages politiques gauche / droite traditionnels. Certaines de ses thèses le situent à gauche en matière de liberté individuelle (non répression des drogues par l’État, liberté d’expression, liberté d’immigration, liberté sexuelle…) et d’autres à droite en matière de libertés économiques (respect de la propriété privée, libre-échange, suppression ou diminution de la fiscalité et des politiques de redistribution de l’État…). Les libertariens désignent des libéraux radicaux qui prônent la liberté absolue des individus de faire ce qu’ils veulent de leur personne et de leur propriété, avec pour conséquence qu’ils n’empiètent pas sur cette même liberté des autres. (source)

“L’expression « État-gendarme » désigne le modèle d’État minimal conforme aux principes du libéralisme politique. La constitution de la société et l’institution du gouvernement trouvant leur source dans le consentement des individus, et le « but de toute association politique » étant la conservation des droits individuels, la mission des pouvoirs publics se borne au maintien des conditions optimales d’exercice de ces droits (soit : la défense du territoire national, le maintien de l’ordre public, la justice). L’État libéral se trouve ainsi placé dans une position d’extériorité à l’égard de la société civile, dont il est tenu de respecter l’autonomie ; en outre, dans les domaines régaliens, où son intervention est légitime, celle-ci doit être limitée au strict nécessaire. Cet idéal d’État minimal est résumé par la formule de B. Constant : « Il ne faut pas d’État hors de sa sphère, mais dans cette sphère, il ne saurait en exister trop. » Dans une telle conception, l’Administration voit son rôle strictement limité. En dehors de l’exercice des fonctions régaliennes de l’État, les pouvoirs publics sont réduits au rôle de « simples observateurs, éventuellement arbitres d’une partie qui pour l’essentiel se déroule sans eux » (F. Burdeau).
L’assimilation de l’État libéral à la figure du gendarme vise, à l’origine, à discréditer les institutions publiques : l’État et l’Administration monopolisent la contrainte publique avec pour seule fin le maintien de l’ordre bourgeois.” (source : Mathieu, M. (2014). État-gendarme. Dans : Nicolas Kada éd., Dictionnaire d’administration publique (pp. 209-210). FONTAINE: Presses universitaires de Grenoble.)

(État providence) Dans l’État-providence, les individus n’ont pas seulement à défendre leurs droits contre l’arbitraire, ils doivent encore reconnaître tout ce qu’ils doivent à ceux qui en rendent l’exercice possible. Si nous pouvons nous déplacer librement, c’est parce que des milliers d’individus contribuent à l’entretien des voies de communication ; si nous recevons notre courrier régulièrement, si un simple geste nous permet d’y voir la nuit, c’est que nous dépendons en permanence du travail d’autrui. Dès lors il faut comprendre que la jouissance de nos droits comme l’exercice de nos libertés engendrent une créance sociale en ce qu’ils résultent d’une action collective, qui pour ne pas être concertée, n’en produit pas moins un patrimoine commun dont nous sommes les bénéficiaires. Il serait par conséquent aussi superficiel qu’erroné de voir dans la société une somme d’individus farouchement indépendants les uns des autres ; dans la réalité il n’en est rien ; la société se présente en fait comme un système de solidarités complexes où chacun n’existe que par l’action d’autrui. L’État en est conscient si les individus ne le sont pas ; c’est pourquoi l’équité lui fait un devoir de satisfaire les aspirations des plus défavorisés si ceux qui le sont moins oublient ce qu’ils leur doivent. Aussi les droits sociaux, qu’il s’agisse du droit à la sécurité sociale ou à un minimum de ressource ne sont-ils pas les effets de la charité, mais l’effet de cette dette sociale tant il est vrai que la liberté ne s’arrête pas seulement là où commence celle des autres, mais que sa condition même passe par l’existence d’autrui. (source : Alain Lagarde, L’État, Le pouvoir, la violence, la société, Paris, Ellipses Éditions Marketing, 2018, pp. 25-26.)

(Etat social actif) “Avec l’émergence du référentiel de l’État social actif, et la mise en place des mesures et dispositifs qui le concrétisent, on assiste à une nouvelle déclinaison du paradigme de gestion des risques. C’est d’abord au niveau discursif que s’opère une reconfiguration symbolique. Si le discours de l’État social actif n’emprunte plus ses références normatives à la morale du travail, il aboutit toutefois, au nom du droit-devoir à la « participation sociale de chacun », à une stigmatisation de l’inactif (chômeur, allocataire social…). Celui-ci n’est plus tant défini comme un ayant-droit à la solidarité collective pour un risque collectif dont il serait victime que comme un inadapté, qui porte une partie de la responsabilité de son état et dont il faut renforcer les moyens et les stimuli à la participation aux conditions du marché de l’emploi.” (source : Franssen, Abraham. État social actif : une nouvelle grammaire des risques sociaux. In: Cartuyvels Yves (Dir), Les ambivalences du risque : regards croisés en sciences sociales, Publications des Facultés Universitaires Saint Louis Bruxelles : Bruxelles 2008, p. 113-148.)

Historiquement, le libéralisme est une doctrine politique, apparue au XIXe siècle, qui réclamait la liberté politique, religieuse, économique, etc., dans l’esprit des principes de 1789. L’anglais John Locke (1632-1704), qui a fait de l’individu et de ses droits inaliénables (liberté, propriété…) le centre et l’origine des relations sociales, en fut l’un des précurseurs.

En matière politique, le libéralisme est, de nos jours, une attitude qui défend la démocratie politique et les libertés individuelles. (source)

Le socialisme est une doctrine politique et économique qui vise, à l’inverse du modèle libéral, à réformer le système de propriété privée des moyens de production et d’échange et à l’appropriation de ceux-ci par la collectivité. Les valeurs fondamentales du socialisme sont : l’absence de classes (au moins à ses origines), l’égalité des chances, la justice sociale, la répartition équitable des ressources, la solidarité, la lutte contre l’individualisme, l’intérêt général partagé et prévalant sur les intérêts particuliers… (source)

Atelier

Séquence

Bientôt disponible.

D’ici peu (ce qui est relatif il faut l’avouer), vous trouverez une explication de la séquence L’État : pourquoi, jusqu’où ?. D’ici là, n’hésitez pas à consulter les fichiers, glossaire et les ressources. Vous y trouverez, sans doute, des informations inspirantes pour vos cours.

Quelques vidéos sur l’État

L’État : notion

Origine de l’État

Sur le contrat social

Anarchisme

Ni Dieu ni maître partie 1

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