Relation sociale et politique à l’environnement

Esprit de l’U.A.A.

Infinie par le thème qu’elle aborde, l’U.A.A. Relation sociale et politique à l’environnement propose une approche des questions environnementales en plaçant en son centre le citoyen dans sa dimension sociale et politique. Autrement dit, loin de se résumer à une série de constats, elle implique d’interroger les actions et les comportements qui lient les individus tant pris séparément qu’en groupe avec leur environnement.

Spontanément, on pensera immédiatement aux comportements liés à la consommation et à son impact sur l’environnement. A ce titre, pour travailler des éléments qui entrent dans la vie concrète des élèves, on pourra aborder ces questions via le prisme de l’alimentation, de l’habillement, de la consommation numérique ou encore de la mobilité. Privilégiant une approche problématisante qui aura pour but de relever les enjeux et les difficultés rencontrées, il semble intéressant de ne pas s’enfermer dans une approche moralisatrice qui enchaînera les constats culpabilisants. Toutefois, si cette approche ne semble pas préférable, il va sans dire que le travail de telles thématiques ne peut faire l’économie d’une responsabilisation collective qui, de facto, en annonce la dimension politique notamment via une approche critique de la production capitaliste.

Compétences

Identifier et expliciter les relations de l’humain avec son environnement naturel et culturel.

Il s’agira d’être capable de déterminer pour des cas précis (fast-food, rapport à la viande, aménagement du territoire) le type ou les types de relation humain-environnement (politique, historique, économique, sanitaire, etc.) ainsi que d’expliciter la particularité de cette relation pour une compréhension générale de la relation humain-environnement.

Justifier une prise de position dans la relation sociale et politique à l’environnement.

Il s’agira d’être capable d’argumenter une prise de position concernant un enjeu lié à l’environnement (cantines végétariennes, accroissement de la surface des espaces protégés, …) en regard des types de relation entre l’humain et son environnement et de leurs particularités.

Glossaire des notions

Ensemble des choses qui se trouvent aux environs, autour de quelque chose. Ensemble des éléments et des phénomènes physiques qui environnent un organisme vivant, se trouvent autour de lui. Ensemble des conditions matérielles et des personnes qui environnent un être humain, qui se trouvent autour de lui. (source)

La notion de nature renvoie à ce qui n’a pas été altéré, transformé. Est naturel ce qui est sans qu’aucune modification d’aucune sorte ne soit appliquée à la chose, à l’objet.

La notion de nature renvoie à l’ensemble des lois et des règles qui ordonnent le monde. Est naturel ce qui répond à des règles « immuables », à la réalité du monde. C’est en ce sens qu’on parle de sciences naturelles pour qualifier la biologie, la physique et la chimie.

La notion de nature renvoie à l’environnement, le plus souvent sans l’être humain. Est naturel ce qui n’est pas lié à l’humain d’une manière ou d’une autre. Cette notion s’écrit le plus souvent avec une majuscule. Que ce soit dans les sociétés occidentales ou dans les religions monothéistes, cette notion sous-entend l’idée que l’être humain serait « en dehors » de la nature ou, du moins, aurait un rapport à elle différent des autres animaux, des plantes etc.

La notion de nature renvoie à ce qui est véritablement, à l’essence des choses. La nature d’une chose referme « ce qu’elle est vraiment ». Le plus souvent, ce sens est utilisé pour déterminer des comportements ou des relations. Ainsi, la vraie nature de quelqu’un désigne son comportement non feint, dévoilé. Il y a un rapport avec la vérité.

Ensemble des travaux et techniques mis en œuvre pour traiter la terre et pour en tirer des produits de consommation.

Ensemble des moyens mis en œuvre par l’homme pour augmenter ses connaissances, développer et améliorer les facultés de son esprit, notamment le jugement et le goût. Absol.Travail assidu et méthodique (collectif ou individuel) qui tend à élever un être humain au-dessus de l’état de nature, à développer ses qualités, à pallier ses manques, à favoriser l’éclosion harmonieuse de sa personnalité. (source)

Action de l’humain sur son environnement ce qui a pour effet, en plus d’en modifier l’organisation, d’en changer la structure profonde impactant, de ce fait, également les autres aspect du mot nature (voir ci-dessous). La transformation de la nature renvoie aussi à une conception l’être humain suppose un humain “hors de la nature” que l’on retrouve notamment chez Descartes (et sa vision de la science) et qui est aujourd’hui remise en question par des penseurs comme Philippe Descola.

A distinguer de l’écologie scientifique (étude des milieux où vivent les êtres vivants ainsi que les rapports de ces être avec le ou les milieux – source), l’écologie-politique se définit par la conscience de notre environnement et de nos interdépendances, conscience de notre appartenance à des écosystèmes que nous ne devons pas détruire, conscience de notre empreinte écologique et volonté non seulement de sauvegarder nos conditions de vie mais d’améliorer la qualité de la vie, toutes choses qui ne sont pas données et dépendent d’un débat politique sans avoir la simplicité de l’évidence. En fait, on peut dire que l’écologie-politique comme affirmation de nos solidarités et de notre responsabilité du monde, transforme d’une certaine façon la biosphère en organisme vivant dont nous constituerions désormais le système nerveux. Bien sûr, le « nous » ici fait question, il n’est pas sûr que nous en fassions partie. (source : ZIN Jean, « Qu’est-ce que l’écologie-politique ? », Écologie & politique, 2010/2 (N°40), p. 41-49.)

Le principe de précaution est une disposition définie et entérinée lors du sommet de Rio de 1992. Cette disposition expose que malgré l’absence de certitudes, à un moment donné, dues à un manque de connaissances techniques, scientifiques ou économiques, il convient de prendre des mesures anticipatives de gestion de risques eu égard aux dommages potentiels immédiats et futurs sur l’environnement et la santé. Plusieurs affaires et débats ont favorisé son déploiement en tant que principe : les OGM, le bisphénol A, le sang contaminé. Ces affaires ont conduit de nombreux pays à inscrire ce principe dans leurs droits nationaux. (source)

1 Être responsable, c’est être la cause d’un événement ou d’une chaîne d’événements.

2 Être responsable, c’est être conscient et lucide de ce que l’on fait.

3 Être responsable, c’est réparer les dommages causés par sa faute.

4 Être responsable, c’est reconnaître la liberté d’un choix opéré.

5 Être responsable, c’est pouvoir répondre de ses omissions.

Relation de dépendance réciproque (entre deux ou plusieurs choses ou ensembles de choses, de phénomènes ou de personnes). (source)

Séquence : En guise d’accroche

Parmi les mille manière d’aborder les questions liées à l’environnement, nous avons choisi de parler des fast-foods pour la simple et bonne raison qu’ils colonisent l’imaginaire et l’environnement de nos centre-villes. Ainsi, parler des fast-foods, de leur histoire et des avis que l’on porte sur eux permet de les montrer comme résultats d’une histoire et est révélateur d’enjeux politiques, économiques et écologiques. Ce sera également l’occasion de proposer un premier panorama des aspects que de notre rapport à la nourriture où manger c’est plus qu’ingérer de la nourriture.


Premier arrêt : Mondialisation et uniformisation

Ce premier panorama réalisé, il s’agira de se doter d’outils conceptuels pour bien comprendre la particularité de notre époque et de notre situation géographique. En effet, si des inquiétudes liées au soft power culinaire et autres dilutions des particularités dans l’uniformisme des grandes enseignes rythment les discussions de pays économiquement dominants, il ne faudrait pas oublier que tout le monde n’a pas la possibilité de manger de la même manière sur la planète.

Ne pouvant traiter cet aspect dans le temps imparti à une séquence, nous la réserverons à d’autres U.A.A. pour nous focaliser sur un aspect anthropologique et culturel : le rapport à la viande.


Transition : Le cas de la viande

Fait de plus en plus contesté dans nombre de sociétés puissantes du point de vue économique, la surconsommation de la viande, voire sa consommation tout court, est assez souvent au cœur d’articles de journaux, de “polémiques” sur les réseaux sociaux et d’interrogations tant politiques que philosophiques.

S’il n’y a pas une bonne manière de traiter une approche de la consommation de viande (doit-on alerter, militer, informer, contre-argumenter, s’en ficher, … ?) il apparaît que cette approche ne peut faire l’économie d’une documentation solide et étayée. En effet, par la place qu’elle prend dans notre société, la consommation de viande charrie un imaginaire qu’il est difficile de remettre en question au risque de passer pour un pisse-froid ou un ascète quand bien même nous ne faisons que la remettre en question sans visée normative… Il est d’ailleurs assez remarquable, à ce titre, que le végétarisme est mieux accepté s’il est lié à une pratique religieuse (bouddhisme, hindouisme) plutôt qu’à une éthique personnelle.

On pourra donc exploiter les différents documents selon la visée souhaitée. Il peut s’agir d’une réflexion globale, mais animée, avec la classe sur la place de la viande où les documents peuvent servir de repères, d’informations complémentaires. On peut également envisager un travail de groupe dont la visée sera de remplir le tableau de la page 10, il faudra alors s’assurer que les documents, surtout leur raison d’être, soient bien compris. Enfin, on peut aussi, en tant que professeur, en faire une explication synthétisée et narrée ce qui renvoie les élèves à une relecture à l’envie ou obligatoire en fonction des visées pédagogiques de cette exploitation.

Dans tous les cas de figure il semble important de prendre le temps de faire comprendre au moment de la synthèse de la page 10 que les aspects soulevés ne peuvent se réduire à de simples exemples. L’expérience montre que si une partie des élèves comprend que la spécificité des aspects de notre rapport à la viande éclaire des futures problématiques dans lesquelles ils peuvent être convoqués, un nombre non-négligeable a tendance à se contenter d’énoncer les exemples liés à ces aspects. Ainsi, pour l’aspect religieux, il se contenteront de dire que telle ou telle religion a telle ou telle pratique alimentaire et n’aborderont pas le fait que cette pratique est le résultat d’une représentation du monde et du rapport à l’animalité. Pratique elle-même basée sur des traditions, des croyances, une foi, etc.


Deuxième arrêt : Identité dans l’assiette

Pour conclure cette importante partie et contrebalancer le caractère haché de la synthèse de la page 10, on terminera sur la lecture du texte de Florent Quellier qui permet de prendre encore un peu plus de hauteur sur notre rapport à la nourriture et plus particulièrement sur son versant identitaire et l’illusion qu’il peut donner d’habitudes de consommation qui seraient toujours déjà là alors qu’en l’état, comme dans de nombreux autres domaines, nos pratiques sont relativement récentes.

Pour s’assurer de la bonne compréhension de ce texte qui, sans être ardu, reste exigeant, on complétera une synthèse qui en reprend les grands points et autres enjeux. Par son caractère englobant, raison pour laquelle il a été choisi en guise de conclusion, on peut parfaitement envisager une évaluation qui se baserait sur la préparation à domicile du texte et consisterait à révéler des liens entre ce qui y est dit et ce qui a été abordé au cours de la séquence.


Question philosophique pour conclure

Le plus souvent, les tensions autour des questionnement sur la consommation de viande font apparaître des utilisations des concepts de nature et de nature humaine qui sont mal ou peu définis. On abordera alors de front la question du rapport à la nature humaine dans les régimes alimentaires qui font le choix de se passer de certains aliments.

Pourquoi vouloir aller contre la nature humaine ?

Comme nous sommes dans un cours de philosophie, le traitement de cette question sera double. Il s’agira dans un premier temps de “questionner la question”, c’est-à-dire d’en révéler les présupposés et d’explorer les différents sens des mots employés. Du côté des réponses, il s’agira de bien circonscrire ces réponses dans une dimension philosophique et d’invoquer des éléments propres à cette discipline (condition nécessaire ou suffisante, la volonté dont il est question est-elle celle de l’individu ou celle d’une transcendance ? etc.)

On sera donc particulièrement attentif à souligner le caractère peu pertinent des réponses type “pour se faire remarquer”, “parce que c’est à la mode” qui n’éclairent pas le versant philosophique induit par le concept de nature humaine.

Précision sur le sens du mot nature

Autre élément important sous-tendu tout au long de ce dossier mais qui n’est jamais clairement défini, on prendra ici un moment pour éclairer le concept de nature. Cet éclairage se fera en deux temps.

Dans un premier, à partir de citations, nous travaillerons l’interprétation et l’association d’idées. En demandant aux élèves d’associer les différentes citations en fonction du sens du mot nature auquel elles se réfèrent, nous les plaçons dans un rôle qui n’est ni celui d’une pure création de sens (le sens des citations ne permet pas toutes les combinaisons), ni celui d’un travail d’appariement puisque l’élément à partir duquel il faudrait chercher l’adéquation n’est pas encore déterminé.

Ce sera donc dans un deuxième temps, après un moment d’échange collectif qui peut introduire un exercice de conceptualisation, que nous déterminerons les sens du mot nature et que nous pourrons alors revenir sur les citations afin de voir lesquelles correspondent le mieux aux différents sens.

Un moment de réflexion (ou d’explication, c’est selon) des enjeux autour du mot nature conclura cette partie et pourra même ouvrir, selon l’envie ou le temps, une discussion, un atelier ou un autre dispositif sur une utilisation concrète du mot nature (plutôt même celui de contre-nature).

Quelques vidéos sur notre rapport à la nourriture

Sur la mondialisation

Conférence de Vincent Migneron

Analyse Starbuck

Imaginaire et nourriture

La playlist Blast sur l’écologie

Un entretien avec Jean-baptiste Fressoz

Quelques idées de lecture