Discours et pièges du discours

Esprit de l’U.A.A.

Essentiellement basée sur les questions liées aux discours trompeurs et à la manipulation permise par le langage, l’U.A.A. Discours et pièges du discours peut être abordée selon un aspect technique. A l’aide de règles de la logique de base, d’éléments issus de la sphère zététique, ou encore de cas d’analyses glanés ci et là sur le net, elle permet de proposer aux élèves nombre d’activités favorisant l’esprit critique que ce soit de manière explicite ou à travers un travail des bonnes pratiques en termes de recherche d’information. Entendu en ce sens, elle est particulièrement bien complétée par l’U.A.A. Médias et information qui permet d’aborder la manière avec laquelle les informations sont créées et partagées. En somme, une U.A.A. qui fait la part belle à l’activité et aux ateliers.

Compétences

Évaluer la validité d’un raisonnement et la cohérence d’un discours.

Il s’agira essentiellement, à partir de précisions théoriques liées à la validité, la vérité d’un discours, aux règles de la logique de base et aux éléments issus de l’éducation aux médias, de prendre position sur le caractère fiable ou non, raisonnable ou non d’une information ou d’une argumentation donnée.

Repérer les tentatives de manipulation dans les discours.

Il s’agira sur la base des différents éléments théoriques abordés dans la séquence, de repérer et d’identifier les différents sophismes et techniques de manipulation utilisés dans un texte, une vidéo ou une image.

Glossaire des notions

Ensemble des règles qui forment la logique de base. Parmi celles-ci, on retrouve entre autres : les fonctions et les opérateurs logiques (non, conjonction, disjonction), les règles de l’implication (et par extension : la contraposée, la réciproque et l’équivalence) ainsi que les principes du Modus Ponens et du Modus Tollens.

La vérité d’une proposition désigne le fait que la proposition soit adéquate avec le réel (la notion de vérité est beaucoup plus complexe mais pour l’instant nous nous contenterons de cette définition).

La validité d’un raisonnement désigne le fait que les déductions obtenues sont correctement obtenues.

Par exemple : Les chats sont des félins est une proposition vraie. Pour autant, si j’ai un animal, appelons-le Gilbert, et qu’il est un félin il n’est pas nécessairement un chat. Si tous les chats sont des félins (le fait d’être un chat implique d’être un félin), tous les félins ne sont pas des chats !

Un sophisme est un raisonnement fallacieux, malgré une apparence de vérité, qui est délibérément conçu pour tromper ou faire illusion. (source)

Le sophisme se distingue du paralogisme qui est une erreur involontaire dans un raisonnement sans intention d’induire en erreur. (source)

(sectaire) : Discours qui fait preuve d’intolérance plus ou moins agressive et d’étroitesse d’esprit à l’égard des opinions religieuses, philosophiques ou politiques d’autrui. Adepte déclaré et sans réserve d’une doctrine philosophique ou politique. (source)

(complotisme) : Terme qui renvoie à un état d’esprit excessivement favorable aux interprétations hâtives, défiantes, malveillantes et improductives du monde social et de l’histoire, une attitude générale qui finit immanquablement par envisager quelque chose qui ressemble à une accusation de complot. (reformulation de la source : Sebastian Dieguez, Sylvain Delouvée, Le complotisme, cognition, culture, société, Bruxelles, Éditions Mardaga, 2021, p. 395)

(manipulateurs) : Manœuvre occulte ou suspecte visant à fausser la réalité. Manœuvre par laquelle on influence à son insu un individu, une collectivité. (source)

L’énonciation est un acte de langage produit par un locuteur (celui qui parle) vers un destinataire (celui qui reçoit le message). L’énoncé est le produit de l’énonciation.

Le concept d’énonciation performative a été élaboré dans les années 1950 par le philosophe britannique J. L. Austin. Austin a proposé une distinction entre deux types d’énonciations : les énonciations constatives – telles que « Georges a promis de venir » – qui font une déclaration, décrivent une situation et sont vraies ou fausses, et les énonciations performatives (ou les performatifs) qui ne sont ni vraies ni fausses mais accomplissent l’action à laquelle elles font référence. Dire « je promets de te payer » ne revient pas à décrire une situation mais à accomplir l’acte de promettre : l’énonciation est l’acte même. Austin écrit que, si le prêtre ou l’officier d’état civil demande lors d’une cérémonie de mariage : « Consentez-vous à prendre cette femme pour épouse légitime ? » et que je réponds « Oui [je le veux] », je ne rends compte de rien, je le fais ; « je ne fais pas le compte-rendu d’un mariage : je me marie » (Austin 1970 : 41). (source : CULLER Jonathan, « Le langage performatif », dans : , Théorie littéraire. Traduit de l’anglais par BIRIEN Anne. Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, « Libre cours », 2016, p. 135-152. URL : https://www.cairn.info/theorie-litteraire–9782842925383-page-135.htm)

(descriptif) : jugement qui a pour objet de décrire, qui donne les détails de quelque chose, d’une opération. C’est dire ce qui est.

(normatif) : jugement qui fixe, prescrit une norme, institue des règles, des principes. C’est dire ce qui devrait être.

(évaluatif) : jugement qui porte sur des valeurs. (source pour aller plus loin)

Propositions : Fiches de travail

Afin d’aborder un maximum de thèmes et d’exercices liés de près ou de loin à la question des discours piégeurs, une approche par “fiche” me semble particulièrement pertinente.

Intuition et logique

Dans cet exercice, nous proposons deux énigmes issues du jeu vidéo Professeur Layton. La première Dans le pétrin a pour but de montrer qu’à vouloir aller trop vite, on ne prend pas en compte la bonne manière de raisonner. En effet, comme le montre la solution, on ne va pas deux fois plus vite, on fait une étape de moins. La deuxième énigme, Suspects habituels, a l’avantage de rappeler l’importance des informations données (et pas de suivre ce qu’on pense être la bonne solution en fonction de notre intuition), mais surtout, comme le montre la solution, de sensibiliser à la notion logique de contradiction et même au paradoxe du menteur (concernant le suspect E). En effet, dans cette énigme, seul un suspect peut voir son discours être vrai sans entrer en contradiction avec celui des autres.

Vérité et validité

Dans cette fiche, nous utiliserons à dessein une notion approximative dans la consignes (le mot “juste”) afin d’introduire et de donner d’autant plus de sens à la distinction entre validité d’un raisonnement et vérité d’une proposition. La conjonction des deux donne un raisonnement concluant.

Corrigé

Choupidoupidou est un logiquement démon (syllogisme)

Le raisonnement est juste il s’agit d’une implication logique (Si A implique B, Or A, donc B).

Le raisonnement est juste, il s’agit d’une contraposée (Si A implique B, Or non B donc non A).

Le raisonnement n’est pas juste, il s’agit d’une négation de l’antécédent (erreur de logique). Autrement dit, c’est le fait de lire qui implique quelque chose. A partir de là, je ne peux me prononcer quant au fait des “conséquences” de ne pas lire sur l’intelligence.

Le raisonnement n’est pas juste, il s’agit d’une affirmation du conséquent (erreur de logique). C’est le fait d’avoir un professeur absent qui implique le bonheur et non le bonheur qui implique l’absence du professeur.

Le raisonnement n’est pas juste car, en logique, on ne peut tirer aucune conclusion de deux prémisse négative (qui affirment un “ne pas”).

Raison et bon sens

Cette fiche vise un but double : 1) Introduire à la lecture d’un texte philosophique de manière douce. 2) Affirmer et préciser la différence entre les capacités de raisonnement et un moment déterminé de notre capacité à raisonner. Autrement dit, contrairement à idée reçue, il n’y a pas de personnes logiques et de personnes illogiques. Tout le monde a la capacité à comprendre et reconnaître les règles de la logique tel que le principe de non contradiction et ce qu’on soit “littéraire” ou “matheux” (même si ces catégories ne renvoient pas à grand chose).

Corrigé : 2 – X – 5 – 3 – 6 – 4

Les techniques de manipulation

Cette fiche présente les grandes techniques de manipulation que l’on rencontre dans les textes et autres échanges. Après une explicitation de chacune, nous proposerons un texte écrit sur mesure afin de vérifier en situation la bonne compréhension de ces techniques. On pourrait également aux élèves de chercher des exemples de ces techniques sur les réseaux sociaux ou à partir de vidéo que l’on mettrait à leur disposition.

Corrigé (dans l’ordre du texte)

Appel à l’ignorance : “À l’heure qu’il est, rien ne prouve que la liberté vestimentaire apporte des bienfaits au niveau scolaire, c’est pourquoi nous pensons que l’uniforme doit être imposé à l’école.” Homme de paille : “Faire preuve de tolérance et de liberté à l’égard de la tenue vestimentaire des élèves revient à cautionner une attitude de touristes de la part de ceux-ci.” Faux dilemme : “Le choix est simple : soit c’est l’uniforme, soit c’est la débandade.” Effet cigogne : “En guise d’exemple, nous vous invitons à regarder de plus près les meilleures écoles au monde : toutes obligent leurs élèves à porter un uniforme. C’est bien là la preuve que l’uniforme fait monter significativement le niveau des élèves.” Homme de paille : “Voulez-vous vraiment que vos élèves soient médiocres ?” Généralisation abusive : “Ce vêtement diminuerait drastiquement le harcèlement et les moqueries qu’opèrent tous les élèves plus aisés envers les plus modestes.” (Bonus : erreur de logique : “Comme l’uniforme implique l’unité, il ne peut y avoir d’unité sans uniforme.”) Argument d’autorité : “nous nous permettons de vous rappeler les mots d’Hugo Boss, le célèbre couturier : Il ne peut y avoir de bons esprits sans bel uniforme.”

Exercice d’attention

Si accentuer de manière trop forte l’opposition qu’il peut y avoir entre raison et émotion n’est plus aussi légitime que par le passé (d’ailleurs les récentes études en neuroscience ont mis à mal la vision d’une raison complètement étrangère aux émotions, voir notamment Damasio à ce sujet), cette fiche a pour but de souligner qu’attention et concentration sont les piliers fondamentaux pour déjouer les pièges, surtout quand il s’agit d’événements qui font appel à notre empathie.

Corrigé : Le problème ici est qu’il n’y a pas de 29 février en 1981. Simple erreur ? Peut être… quoique.

Les biais cognitifs

Un biais cognitif peut se définir comme une forme de pensée qui met en œuvre de manière systématique des distorsions dans le traitement de l’information. Il correspond à une sorte de court-circuit mental qui assure un traitement immédiat des informations internes (notre mémoire) ou externes (notre environnent) dont nous disposons à un moment donné pour faire le plus rapidement possible une analyse de la situation qui soit cohérente avec notre vision du monde. Notre cerveau interprète notre environnement en le simplifiant et forme des stéréotypes, des préjugés, des croyances, des catégorisations qui servent à ordonner le monde qui nous entoure. (source)

Dans ces fiches, nous aborderons sous forme de petits “jeux” différents biais cognitifs que l’on rencontre souvent . A imprimer en recto verso, ils peuvent être donnés à faire en classe, à réaliser à domicile ou peuvent combler une fin d’heure en cas de besoin. Le corrigé et la définition de chaque biais se trouvent dans le dossier.

Quelques vidéos sur les pièges du discours

Les tutos de la chaîne Défékator

La série de vidéo la petite boutique des erreurs

Faits et opinions selon la chaîne Esprit critique

Quelques idées de lecture