Chacun de mes cliques est enregistré. On peut remonter à l’origine de chacun de mes pas. Nous laissons partout des empreintes numériques. La Toile garde le calque de notre vie numérique. Du fait de la possibilité d’un enregistrement exhaustif de la vie, la confiance est entièrement remplacée par le contrôle. Ce n’est plus Big Brother, mais Big Data. L’enregistrement exhaustif de la vie, qui ne laisse aucune zone d’ombre, marque l’accomplissement de la société de transparence.

Byung-Chul HAN, Dans la nuée, Réflexions sur le numérique, trad. (allemand) Matthieu Dumont, Arles, Actes Sud, coll. Questions de société, 2015 (2013), p. 93.


Les occupants du panoptique numérique ne sont nullement des prisonniers. Ils vivent dans l’illusion de la liberté. En alimentant le panoptique numérique avec toutes sortes d’informations, ils s’exposent et se révèlent d’eux-mêmes, volontairement. Or, l’efficacité est plus grande lorsque l’éclairage vient de soi et non d’autrui. […] La société de contrôle est accomplie lorsque ses membres se confient non plus sous l’effet d’une contrainte extérieure mais sous l’impulsion d’un besoin personnel, lorsque la peur de dévoiler sa sphère privée et intime est remplacée par le besoin impudique de l’exposer au grand jour, c’est-à-dire, par conséquent, lorsque la liberté et le contrôle sont devenus indistinguables.

Byung-Chul HAN, Dans la nuée, Réflexions sur le numérique, trad. (allemand) Matthieu Dumont, Arles, Actes Sud, coll. Questions de société, 2015 (2013), pp. 93-94.

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