Ce n’est qu’à ce double titre, c’est-à-dire s’il parvient à contenir dans les normes acceptables l’agressivité qui le pousse à blesser, à soumettre ou à rabaisser, que le rire parviendra à préserver sa fonction de rite d’affiliation sociale à la fois porteur de liens forts et producteur d’un sens nouveau. Ce faisant, l’éclat de rire sera alors ce qu’il doit être, c’est-à-dire qu’il sera suffisamment éclatant en soi, par soi et pour soi pour se constituer en vecteur de rayonnement en illuminant chacun sans faire de l’ombre à quiconque.
Bruno HUMBEECK, Leçons d’humour, Rire pour rebondir, L’humour comme instrument de vivre ensemble, Wavre, éditions Mols, 2017, p. 258.
L’exemple du bouffon illustre parfaitement le rôle politique assumé par le moqueur. Le bouffon est en effet un moqueur qui en accepte le statut. Il ne réduit dès lors pas sa fonction à la seule expression du comique comme le ferait, par exemple, un humoriste. Affirmant d’emblée sa vocation à provoquer, à déstabiliser ou à remettre en cause, le bouffon est d’ailleurs de nos jours assimilé à une injure. Celui qui se moquait du pouvoir est, de cette manière, renvoyé à son insignifiance.
BRUNO HUMBEECK, Leçons d’humour, Rire pour rebondir, L’humour comme instrument du vivre ensemble, Wavre, éditions Mols, 2017, p. 238.