Le monde en soi

“La couleur a sa narration”, ainsi pourrait s’énoncer la grille de lecture offerte par la réalisatrice de ce très beau film d’animation Sandrine Stoïanov. Accompagnée par Jean-Charles Finck, les artistes nous proposent un court-métrage puissant et maîtrisé de part en part. Nous y suivons une artiste qui, à la suite d’une demande de la part d’un galeriste, s’enfonce dans le travail jusqu’à finir par être hospitalisée.

Récit tiré de l’expérience de Sandrine Stoïanov, la narration par la couleur offre une évolution visible des états de ce personnage principal au fur et à mesure que les flash-back et autres pensées vagabondes nous font comprendre l’origine de son hospitalisation.

Outre le travail remarquable sur les couleurs et leur évolution au cours du court, l’œil attentif remarquera en sous-texte un rapport au corps féminin et à la place de la femme dans cette histoire pas comme les autres. Que ce soit à travers des affiches de l’album “J’accuse” de Saez, l’omniprésence des corps-objets publicitaires dont la nudité tranche avec celle de l’artiste et de ses œuvres, ou encore par le buste de Camille Claudel – inaccessible car dans le jardin derrière cette fenêtre qui ne s’ouvre pas – les références sont nombreuses sans pour autant être appuyées… signe d’une subtilité bienvenue.

En somme Le monde en soi est un magnifique court-métrage d’animation qui, s’il fallait encore en convaincre certains et certaines, montrent à quel point ce cinéma est riche de possibilités et de langages propices aux émotions et à la réflexion philosophique. A voir absolument !

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