La joie je pense que c’est l’exaltation de la vie pour elle-même. C’est-à-dire que c’est l’exaltation d’être vivant. Ce n’est pas un contenu donné et circonstancié de la vie par exemple : être content de bien manger, être content d’être amoureux, ressentir un certain nombre de micro-exaltations que nous offre parfois la vie. La joie c’est le sentiment de plénitude qui vous vient du fait même d’être en vie. En fait, c’est une glorification de la vie. La joie c’est toujours : « je suis vivant et c’est extraordinaire ». Il y a une chose, et cela Nietzsche l’a très bien dit, qui me fait accéder à cette joie presque à la demande, c’est la musique. La musique est le dépositaire de la joie de la vie en tant que vie et c’est l’art en général. Et puis, c’est parfois on se lève le matin, on marche dans la rue, on est pris par la joie d’exister. Non que cette journée se présente mieux qu’une autre, elle n’est pas plus ensoleillée, mais quelque chose porte notre pas ce jour-là, on gambade, on sautille, c’est la joie d’exister. Cette joie d’exister est une conquête intermittente sur le néant.
François BEGAUDEAU interviewé par Ariane Warlin dans lumière intérieure, émission du 9 novembre 2019, retranscription (et arrangement à l’écrit) JD Oste, KTO, https://youtu.be/K5BshRFyF28 consulté le 16/04/2021.