Gung Ho

Avec un premier tome paru en 2013, Gung Ho fait partie de ces récits apparus dans la très concurrentielle “zombimania” dont Walking dead (comic adapté en série en 2010) est le point d’orgue.
Si le succès commercial ne semble pas avoir atteint les sommets de la bande dessinée de Kirkman et Adlard, force est d’en constater le succès critique et commercial (pour de la BD de ce genre)… La raison de cette réussite est double et tient à différentes aspects de cette série en 5 tomes : son scénario et son dessin et sont traitement de l’adolescence dans un monde post-apocalyptique. Une adolescence faite de transgression et de désir de liberté dans un monde hostile.
Une fois n’est pas coutume, commençons par le dessin. Il faut le dire (et c’est d’ailleurs le scénariste Benjamin Von Eckartsberg qui le dit) Gung Ho se reconnaît très facilement tant le “trait” de Thomas Von Kummant est particulier. Comme souvent, s’il peut déplaire, au moins il propose quelque chose de différent sans que ne soit atteinte la lisibilité de l’action, l’empathie envers les personnages ou l’efficacité du “découpage”. Un style tout en couleur qui tranche avec les enjeux sombres de ce récit post-apocalyptique.

Car il s’agit bien d’un récit qui nous conte la vie de survivants à la propagation d’un virus qui changea les singes en machines à tuer. Cloîtrée derrière des murs et organisée en villes dont le ravitaillement dépend d’un réseau de chemin de fer, l’humanité tente comme elle le peut de prospérer et d’élever sa jeunesse fougueuse (et frustrée).
Comme le montre l’entrevue en lien ci-dessous, c’est là le thème principale de cette histoire : la confrontation entre une jeunesse éprise de liberté qui veut changer les choses face à des adultes qui tentent comme ils le peuvent de composer avec les difficultés et les incohérences d’un système qui ne peut s’améliorer aussi vite qu’il le faudrait. C’est donc dans cette subtilité, qui ne consiste pas à faire une énième BD où les ados sont les grands héros face à des parents inconséquents, que Gung Ho gagne en intérêt. Ni manichéisme, ni angélisme, Gung Ho propose une vision du conflit adolescent dans un monde déjà en conflit introduit par l’arrivée de deux orphelins dans une colonie où les amours adolescentes et les conflits de rivalités laisseront place à des prises de décision aux conséquences bien plus lourdes.
Une très belle œuvre pour tout amateur de récits post-apocalyptiques.