La méthode scientifique décrit ce qui est (des faits, des phénomènes, des données) mais aucunement ce qui « doit être » et si les politiques portant sur le choix d’une politique publique (concernant la santé par exemple) doivent être éclairées par des connaissances scientifiques (comme l’efficacité des vaccins), elles sont souvent inspirées par des valeurs très diverses (le respect de la vie humaine, l’équité et la justice sociale, le maintien de la paix, la croyance dans la vertu du dialogue social ou l’exercice de l’autorité, etc.). Les décideurs prennent en considération, implicitement ou explicitement, une hiérarchie de priorités établie en fonction de considérations de nature sociale, économique ou culturelle et parfois éthique (le rejet ou l’acceptation des inégalités par exemple) ; les décisions concernant l’extension de la PMA ont clairement cette dimension éthique. Bien entendu, la science n’est pas la seule à contribuer à faire émerger la vérité, la justice et, dans une certaine mesure, la presse contribuent chacune à leur manière, par voie d’enquêtes, à sa découverte. Quant à l’art, la littérature, la philosophie et la théologie, elles envoient leurs propres messages. Pour résumer, les choix techniques, au sens large, supposent « un débat politique qui engage des choix de valeurs et une conception du développement économique et social ». Le rôle de la science est de contribuer à éclairer ce débat en mettant en évidence le « possible », quant au politique, il statue sur le souhaitable et l’acceptable.

Pierre PAPON, La démocratie a-t-elle besoin de la science ?, Paris, CNRS éditions, 2020, pp. 216-217.

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