Do the evolution

Do the evolution est une célèbre chanson du non moins célèbre groupe de grunge Pearl Jam. Au-delà de son riff entêtant, c’est surtout le clip qui fît fureur au moment de sa sortie. La collaboration avec Todd Mcfarlane, issu du monde des comics (Spawn), fût un franc succès tant l’esthétique semble être en phase avec la puissance du texte et de la musique. Mais que dit au fond ce clip ?

Cette chanson présente une représentation de l’évolution motivée par la guerre, la conquête et la violence. Au centre de cette chanson on trouve un riff faussement carré et répétitif qu’accompagne une série d’assertions sur ce qu’on comprend être la nature humaine. A celui-ci répond alors une sorte de cassure rythmique pendant qu’une voix – dont on ne sait si elle affirme ou interroge – martèle “It’s the evolution baby”.

Un chef d’œuvre absolu dont la mise en avant du rapport Homme/Nature peut être abordé en regard d’un autre chef d’œuvre de Frédéric Back : Le fleuve aux grandes eaux.

Au-delà de sa critique frontale d’une représentation anthropocentrée, voire téléologique, de l’évolution, ce clip marque plus d’un intérêt en ce qu’il permet une panoplie d’approches pour en effectuer l’analyse. En effet, en plus des nombreuses références qu’il charrie, des jeux de répétitions entre des scènes pour montrer “que rien ne change vraiment”, c’est surtout une très belle porte d’entrée à une réflexion sur la compréhension de la théorie de l’évolution. Car à bien y regarder, on est en droit de se demander si la critique de Pearl Jam est une critique directe et “morale” de l’évolution dans sa compréhension générale, mais fausse (car téléologique et anthropocentrée), ou si elle est une critique de la compréhension qu’on en a. Pearl Jam critique-t-il la nature humaine (voire un peu plus) ou la compréhension de la théorie de l’évolution ?

Si le clip ne répond jamais véritablement à cette question, rien n’empêche de la poser et d’y répondre à sa place. Ainsi, il est tout à fait permis de travailler des éléments de la théorie de l’évolution et de la mauvaise vision qu’on en a à travers, par exemple, la distinction entre évolution et progrès, approche finaliste et approche structurelle, nécessité hasard et contingence… Critique et analyse que l’on retrouve, par exemple chez un certain Pierre Kropotkine.

Bref, un super clip à écouter, regarder et, au cas où, analyser.

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