Mais qu’entendons-nous par « contre-pouvoir ? » Deux sens sont tout d’abord à écarter. Le premier, le plus courant, est celui d’un équilibre des pouvoirs rendu possible par leur séparation. En ce sens, on parlera de contre-pouvoirs, en insistant bien sur le pluriel, et l’on en réfèrera à des institutions. Les contre-pouvoirs désigneront des institutions se partageant le pouvoir, de façon à ce que nul individu ou groupe ne puisse exercer seul le pouvoir. Le mécanisme de la séparation des pouvoirs a été popularisé par la réflexion de Montesquieu, qui en faisait la condition de possibilité de la gestion démocratique : Les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif doivent être exercés par des institutions différentes, de manière à ce que nulle institution n’exerce les pleins pouvoirs. En d’autres termes, ils doivent pouvoir fonctionner les uns vis-à-vis des autres comme des contre-pouvoirs, de façon à créer un équilibre des pouvoirs, fondement des institutions démocratiques.

Miguel BENASAYAG, Angélique DEL REY, De l’engagement dans une époque obscure, Neuvy-en Champagne, Editions le passager clandestin, p. 86.

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