Stricto sensu, l’identité de deux êtres distincts est impossible. Mais il existe un sens plus faible de l’identité, qui permet, comme on l’a vu, de déclarer semblables, ou identiques, des individus distincts, supposés partager une identité collective. Dans ce cas l’identité collective se construit de manière additive, comme une collection d’individus jugés au moins partiellement semblables. Cette dénomination est souvent prise comme équivalente de « culture » au sens où un groupe humain a conscience de partager des connaissances générales, des productions artistiques, des traditions historiques, des activités ou des productions telles que le type d’habitat, l’habillement, les habitudes et les goûts culinaires, les techniques, les comportements sociaux… L’identité culturelle peut alors se définir comme un ensemble de représentations et de pratiques considérées comme caractéristiques d’un groupe particulier.

D’une autre façon, l’identité collective se pose aussi comme un système et comme un tout, ayant déjà ses caractéristiques globales, à la manière d’un organisme, sans que les particularités des individus ne déterminent les caractères du collectif, car c’est au contraire le collectif qui détermine les caractères et les fonctions de ses éléments. Il n’y a alors pas nécessairement ressemblance des éléments, mais appartenance à une même unité où les éléments sont solidaires. L’identité collective est alors aussi une entité regroupant en son sein des individus différents qui ont pour particularité commune d’appartenir à cette entité. Par exemple une ville ou une nation est une entité, qui se donne une identité (une « même entité ») et est composée d’individus ayant quelques particularités communes mais beaucoup de différentes. Mais ce sont les particularités communes qui sont mises en avant, avec l’oubli que les individus sont plus différents qu’ils ne se ressemblent.

Dans l’une ou l’autre perspective l’individualité est effacée au profit du collectif, soit en termes d’uniformisation soit en termes de solidarisation.

Drouin-Hans Anne-Marie, « Identité », Le Télémaque, 2006/1 (n° 29), p. 17-26. DOI : 10.3917/tele.029.0017. URL : https://www.cairn-int.info/revue-le-telemaque-2006-1-page-17.htm

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