Sans en faire une preuve d’un quelconque effondrement du niveau, il est à remarquer que de nombreux élèves ont des difficultés avec les bases de l’argumentation. Cet atelier sur l’argumentation propose de revenir aux fondamentaux à savoir la production d’arguments indépendamment de l’avis de celui qui les rédige.
Durée estimée : Une heure de cours (voire moins) répétable au besoin ou à l’envie.
Intention pédagogique : Exclusivement à titre d’exercice qui pourrait s’apparenter à du drill ou à un rituel en fin de chapitre (une fois les élèves habitués au genre), l’atelier a pour but :
- d’exercer, de renforcer et de maîtriser la structure basique d’un argument (énonciation, développement, illustration).
- d’exercer (ou habituer en cas de répétition de l’atelier) à trouver des arguments pertinents concernant des prises de position que ne partage pas l’apprenant.
Matériel nécessaire : La fiche-outil sur l’argumentation. Les feuilles d’exercices ci-dessous.
Mise en place et déroulement :
Les apprenants sont répartis en binômes.
Chaque apprenant reçoit une feuille d’exercices (la question peut-être choisie en fonction de l’appétence de l’élève pour le sujet). Il choisit s’il répond oui ou non et énonce, développe et illustre un argument en fonction de son choix. Cette feuille est la feuille d’affirmation.
Après avoir élaboré son argument, il passe sa feuille à son binôme et en reçoit la feuille où se trouve une autre question. Il développe alors un argument en fonction de la partie restante (oui ou non). Cette feuille est, pour lui, la feuille d’opposition.
Rôle du professeur : Pendant le déroulement, le professeur passe dans les bancs et s’assure de répondre aux questions des élèves qui éprouveraient des difficultés à élaborer leur argument. A la fin de l’atelier, le professeur reprend les différentes feuilles afin d’en évaluer la teneur (et de faire un bref retour).
Possibilité d’aller plus loin : On peut ajouter une étape supplémentaire qui supplante la vérification du professeur.
Après avoir rédigé leur deuxième argument (feuille d’opposition), chaque apprenant récupère la feuille d’affirmation et veillera à évaluer l’argument qui lui a été “opposé” (l’argument d’en face n’est pas nécessairement un contre-argument). Ce commentaire ce fera au moyen d’une autre couleur et ce devra d’être objectif et pertinent (le caractère développé du commentaire peut être travaillé en amont en classe).
Enfin, une nouvelle étape d’échange de feuilles se déroule pour élaborer un commentaire de l’argument affirmé par l’apprenant (feuille d’opposition).
De la sorte, chaque apprenant est amené à produire un argument sur deux questions différentes et à commenter deux arguments qui s’opposent à ceux que lui-même a produit.
Sortie du dispositif : Cet atelier étant principalement une sorte de drill, il n’a pas d’autre vocation que d’exercer l’élève à produire des arguments courts qui pourront faire l’objet d’un travail plus poussé dans une rédaction.
Esprit de l’atelier : Contrairement aux rédactions d’avis argumenté, cet atelier vise à mettre de la distance entre ce que l’apprenant pense de la situation et les arguments qui peuvent être invoqués dans le cadre d’une question lors d’un débat. Cette mise à distance s’avère très souvent problématique pour les élèves qui ont tendance à considérer qu’on ne peut trouver des raisons d’aller contre ce que l’on pense.
Autre aspect important de l’atelier, le développement de l’argument y tient une place centrale. En décontextualisant l’argumentation, en la désincarcérant de toute urgence à prendre position, on pourra davantage insister sur la nécessité formelle de développer son argument avant d’en trouver un exemple. Ici, il n’est pas question de convaincre, mais bien de trouver des raisons pertinentes et de bien les énoncer, les développer et les illustrer.
Ultime aspect de l’atelier qui pourrait en faire l’antichambre d’un débat argumenté, on peut choisir de présenter des questions qui touchent de près ou de loin la thématique et les enjeux d’un débat à venir. Ainsi préparés sans avoir été annoncés comme tels, les arguments (et les humains qui les énoncent) souffriront moins des aléas du direct.