Le sujet est un terme technique en philosophie. Il n’a rien d’une évidence ou d’une donnée de fait. Entendu ici en son sens moderne, il est indissociable de celui de subjectivité, et renvoie à ce qui, dans l’être humain, constitue le fond de ses rapports avec la réalité. Ainsi quand on dit que l’homme est un sujet, on met implicitement l’accent sur le fait qu’il est à l’origine et au fondement de ses représentations et de ses actions, de ses jugements et de ses croyances. Il est en position de « sujet » par rapport aux « objets » de son activité. Le sujet ainsi compris se caractérise par le fait qu’il puisse dire « je » ou tout au moins qu’il puisse « l’avoir dans sa pensée » (Kant). Dans son acception moderne, tout sujet suppose en effet la dimension réflexive de la conscience de soi, un moi (en latin un « ego »), propre à chacun et qui fonde l’identité du sujet.
A contrario, on dira d’une table ou d’une pierre qu’elle est un objet ou une chose, et non un sujet ou une personne, ce dernier terme étant réservé sinon à l’homme du moins au sujet de droit (il y a certes des « personnes morales » qui ne sont pas des êtres humains, par exemple, une société ou un État). Le terme de sujet caractérise donc principalement l’être humain dans ce qui le distingue non seulement des choses inertes, mais encore des animaux dans la mesure où ils sont privés du pouvoir de dire « Je » – ce qui est avéré – et dans la mesure où ils ne sont pas sujets de droit – ce qui est parfois contesté.
Philippe DUCAT, Jean MONTENOT, Philosophie, le manuel, 4e édition, Paris, Ellipses Editions Marketing, 2020, pp. 767-768.