“Si nombre d’ouvrages de philosophie distillent l’ennui, c’est que la vie en est absente… Le simple jeu des concepts n’apporte pas la vie… Il y a différentes façons de faire vivre un ouvrage”. Ces mots criants de vérité de Marcel Conche ne sont pourtant pas une fatalité. Comment organiser un exercice de conceptualisation sans qu’il prenne nécessairement l’aspect d’une autopsie ? En assumant la dimension imaginaire et poétique par un atelier d’écriture pas comme les autres.

Durée estimée : Une heure de cours.

Intention pédagogique : Reprenant l’idée de collection d’étrangetés que l’on peut trouver dans les cabinets de curiosités, cet atelier d’écriture propose essentiellement :

  • d’identifier les caractéristiques propres à une émotions, à un vice, une vertu, un défaut ou une qualité et de les retranscrire sous forme d’un objet original (artefact, monstre/créature). C’est la phase de réflexion individuelle.
  • de le faire découvrir aux autres membres en présentant sa création sans en donner le nom. C’est la phase ludique de présentation.

Matériel nécessaire : Une ou deux cartes par élève (proposition dans le dossier ci-dessous) et une feuille de bloc.

Mise en place et déroulement :

L’enseignant, l’animateur annonce la consigne suivante :

Nous allons réaliser ensemble un cabinet de curiosités. Les cabinets de curiosités sont des pièces, ou parfois des meubles, où sont entreposées et exposées des ” choses rares, nouvelles, singulières “. Véritables attractions de l’étrange et de l’imaginaire, ils ont eu et continuent encore à avoir un succès phénoménal. Pour réaliser notre cabinet, vous allez recevoir une carte sur laquelle est écrit un mot. L’idée est simple, vous devez imaginer un objet (par exemple une potion, un outil, une pièce de vêtement,…) ou une créature dont les caractéristiques et/ou les effets correspondent à ceux de votre mot.

Pour exemple, je tire la carte “incompréhension” et j’imagine (en le notant sur le papier sans le montrer à qui que ce soit) que l’incompréhension est un minuscule être magique qui peut s’introduire par les yeux ou les oreilles d’une personne pour remonter dans son esprit. Chaudement installé et de nature farceuse, cet être s’amuse à changer les idées des gens, à perdre les informations ou encore à connecter ensemble des pensées qui ne devraient pas se connecter. Pour vous en débarrasser, si vous êtes infecté, il faut surtout veiller à cogiter lentement et à s’ouvrir à d’autres manières de penser. En effet, ces petits êtres voient très mal et seules les pensées qui fusent, parce qu’elles font beaucoup de bruit, ou empruntent des routes déjà connues sont repérées et ainsi déviées ou mangées.

Dans un second temps, une fois que tout le monde aura imaginé sa créature ou son artéfact, ceux qui le veulent pourront le lire à haute voix en veillant à ne pas dire ce qu’ils avaient comme mot. Charge aux autres de deviner.

Ensuite, il distribue aux apprenants une ou deux cartes (l’apprenant choisit celle qui lui parle le plus) en rappelant bien que les autres ne doivent pas la voir.

Après un temps déterminé (pas plus de 30 minutes), on passe à la mise en commun où les apprenants qui le souhaitent, voire chaque apprenant, racontent ce qu’il ont créé.

Sortie du dispositif : En guise de sortie de l’atelier, on peut très bien imaginer la réalisation d’un catalogue (après vérification pour chaque création du caractère adéquat de sa description) qui reprendrait les éléments du cabinet de curiosités créé. Cette réalisation pourrait être agrémentée de dessins, de plans annotés et d’autres éléments qui permettraient de donner du corps à l’ensemble des productions.

Esprit de l’atelier : L’atelier ci-présent assume complètement sa part créative et récréative. Aussi, il ne faudra pas minorer la difficulté que suppose l’exercice. En effet, en plus d’une compréhension fine de la notion obtenue au hasard et de la description de ses caractéristiques, l’exercice suppose une capacité à les mettre en scène dans un objet nouveau qui fasse sens tout en étant fidèle à l’objet initial. Raison pour laquelle, on abordera davantage l’atelier pour ce qu’il est, un moment de création originale plutôt qu’un exercice rigoureux de définition de concepts.

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