Ainsi, le premier amendement de la Constitution américaine, qui protège la liberté d’expression, ne contient aucune restriction relative à l’âge. Selon Marjorie Heins, ce n’est pas parce qu’il est évident qu’il ne concerne que les adultes. D’après elle, cet amendement est justifié par l’importance, pour le développement personnel et celui de la société, d’une information libre, aussi pénible soit-elle parfois. Cela s’applique aux plus jeunes : “Les jeunes ont besoin d’avoir accès aux idées et à l’information et non d’être endoctrinés ou d’ignorer les controverses, précisément parce qu’ils sont en train de former leur identité et de devenir des adultes participant à la vie démocratique. Comme a tenu à le préciser la Cour suprême, les jeunes auront du mal à y arriver si toutes les idées dangereuses ou désagréables leur sont cachées jusqu’à ce qu’ils atteignent 18 ans. La confrontation directe avec les “idées dangereuses”, auxquelles ils seront, de toute façon, inévitablement conduits à se mesurer, sera un vaccin plus efficace que les interdits dont l’effet risque d’être qu’elles deviendront plus attirantes.”
Ruwen Ogien, Penser la pornographie, Paris, PUF, 2003, p139. Citation de Marjorie Heins, Not in front of the children. “Idency”, censorship and the innocence of youth, New-York, Hill & Wang, 2001, p.258.