Les cérémonies tribales de la naissance, de l’initiation, du mariage, des funérailles, de l’établissement social, etc., ont pour fonction d’élever au niveau des formes impersonnelles et classiques, les moments critiques et les actes importants de la vie de l’individu. Elles le révèlent à lui-même, non comme telle ou telle personne, mais comme guerrier, épouse, veuve, prêtre, chef, et, dans le même temps, est réanimé pour les autres de la communauté l’antique enseignement des étapes archétypes. Tous, selon leur rang et leur fonction, participent à la cérémonie. La société entière se montre à elle-même comme une unité vivante et impérissable. Les générations d’individus passent, telles les cellules anonymes d’un corps vivant ; mais la forme éternelle qui embrasse le supra-individuel, chacun se découvre mis en valeur, enrichi, soutenu et grandi.
Joseph CAMPBELL, Le héros aux mille et un visages, traduction H. Crès, Paris, J’ai Lu, 1949, p. 510.