Le mythe du complot, arme de manipulation massive

Au même titre que la rumeur, la théorie du complot appartient à la panoplie du parfait propagandiste. Au sens strict, le complot désigne le dessein secret et concerté entre plusieurs personnes de nuire à l’autorité, à la sûreté ou même à l’existence d’un personnage public ou d’une institution. Lorsque le complot a pour objet particulier de renverser un ordre établi, on parle de conspiration. Au sens large, il désigne tout mauvais dessein concerté secrètement entre plusieurs personnes. La théorie du complot (conspiracy theory, en anglais) désigne quant à elle une vision de l’histoire perçue comme le produit de l’action d’un groupe occulte. Karl Popper a le mieux défini la théorie du complot comme « l’opinion selon laquelle l’explication d’un phénomène social consiste en la découverte des hommes ou des groupes qui ont intérêt à ce qu’un phénomène se produise (parfois il s’agit d’un intérêt caché qui doit être révélé au préalable) et qui ont planifié et conspiré pour qu’il se produise ».

Le complotisme, enfin, est un néologisme, apparu en 2017 dans Le Petit Larousse, que l’on peut définir comme le fait de récuser la version communément admise d’un événement ou d’un phénomène et de chercher à démontrer qu’il résulte d’un complot. Et le néologisme « conspirationniste », apparu en 2012, se dit de quiconque est persuadé et veut persuader que les détenteurs du pouvoir – et non des groupes occultes – pratiquent la conspiration du silence pour cacher des vérités et contrôler des consciences.

David COLON, Propagande, La manipulation de masse dans le monde contemporain, Paris, Belin éditeur, 2019, pp. 310-311.

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