Dans ce dispositif, les apprenants sont invités à échanger sur différentes notions en lien avec celle de confiance. Contraints par un dispositif qui impose les relations, ils devront collectivement en discuter et les choisir en justifiant oralement leur choix.

Durée estimée : 45 minutes.

Matériel nécessaire : Tables et chaises pouvant être mises de manière à former des groupes de quatre apprenants maximum. Un jeu de cartes par groupe. Une feuille de l’atelier par élève.

Intention pédagogique : Amener les apprenants à discuter sur les relations qu’entretient une notion centrale avec des notions périphériques. L’objectif réside en l’émergence de différentes compréhensions des notions périphériques en fonction du niveau auquel on se situe (niveau de l’abstraction conceptuelle, niveau de l’usage familier, niveau de l’expérience empirique, etc.).

Mise en place et déroulement : Les apprenants sont répartis en groupes de 2 à 4 membres autour d’une table. Les jeux sont distribués en positionnant la carte confiance au centre et le reste du paquet face cachée sur la table. On insistera sur le fait de ne pas regarder les cartes avant le début de l’atelier. Une fois les jeux en place et les feuilles d’atelier distribuées à chaque apprenant, la consigne est expliquée à haute voix. On insistera sur le fait que la part écrite du dispositif peut être sommaire, mais doit être présente. On soulignera également qu’à la fin de l’atelier une mise en commun sera organisée et que chaque membre du groupe doit être capable de prendre la parole pour justifier les choix faits.

Le dispositif se termine après 30 minutes de déroulement au maximum (il faut garder une dizaine de minutes pour réaliser une sortie de dispositif). Pendant celui-ci, le professeur veillera à passer dans les bancs afin d’éclairer les éventuels problèmes et de prendre connaissance des tendances qui se dégagent. Ces tendances pourront l’aider à choisir la sortie de dispositif la plus opportune.

Sortie du dispositif : Pour conclure l’atelier on commencera par demander à chaque groupe quelle carte a été la plus compliquée à placer et pourquoi (il y a fort à parier que la défiance revienne régulièrement, on pourra alors l’exclure des réponses possibles).

En fonction du déroulement on pourra, en veillant à être explicite sur les raisons de cet atelier :

Montrer la différence entre une approche abstraite de la relation et une approche concrète. Par exemple : De nombreux apprenants placent la trahison comme incompatible avec la confiance en arguant qu’une fois trahi il ne peut plus y avoir de confiance. On montrera alors que leur réflexion suppose la confiance comme condition de la trahison (peut-on trahir quelqu’un qui ne nous fait pas confiance ?) Aussi, on peut en profiter pour montrer le caractère général, abstrait mais précis d’un concept (Tozzi) par rapport à la représentation personnelle que constitue la notion. Ainsi, La confiance n’est plus cette certitude en l’autre, mais l’incertitude devient un élément nécessaire de la confiance puisque c’est d’elle que la confiance tire sa distinction avec le savoir. Faire confiance ce n’est pas savoir que quelqu’un va faire quelque chose, c’est l’espérer.

Débuter un travail de conceptualisation. On invitera alors les apprenants à partir de leur relation et à expliciter ce qu’est la confiance en veillant à en déterminer la catégorie d’objets ainsi que la différence spécifique. On sera particulièrement attentif à la distinction d’avec la foi qui s’articule le plus souvent autour de la notion de certitude.

Introduire une problématisation inattendue. En fonction des éléments énoncés lors de la phase de groupe on pourra amener la réflexion sur des questions liées au contrôle ou à la naïveté par exemple.

Voici des exemples de début de problématisation qui sont apparus lors de l’utilisation de cet atelier :

“On dit qu’il ne faut pas être naïf, mais pour faire confiance tu dois toujours passer par une phase de naïveté vu que tu ne sais rien des personnes. Donc on ne peut pas ne pas être naïf. (Formulation d’une élève)”

“On entend souvent qu’il faut plus de transparence pour ramener la confiance, mais n’est-ce pas exiger du contrôle plutôt que de la confiance ? (Formulation du professeur)”

“Pour avoir la confiance, il faut nécessairement abandonner du contrôle, puis en récupérer quand tu n’as plus confiance. (Formulation d’une élève)”

Esprit de l’atelier : Par sa courte durée, l’atelier se veut être une introduction à la conceptualisation. En tant que tel, il ne se résume qu’à une invitation à échanger et à penser ensemble autour de notions évidentes en apparence. Sa première fonction est l’échange et l’émergence de représentations liées à la confiance. D’ailleurs, la quantité limitée des relations (avoir pour condition, être incompatible, être la condition de) est prévue à cet effet. Renvoyer les autres relations à une indétermination n’a pas vocation à ce que les relations de ces notions avec la confiance soient traitées et déterminées lors de l’atelier.

Toutefois, dans un second temps ou au sein d’une séquence, on peut aisément imaginer un travail plus long de conceptualisation et de réflexion critique sur ce qui aura été avancé.

Enfin, en tant que dispositif de cartes à “jouer”, on peut envisager une variation des relations dans un exercice plus précis et rigoureux. Par sa dimension progressive et contraignante, l’activité impose aux apprenants à bien réfléchir et à justifier leurs choix. En effet l’apparition de nouvelles notions et la limitation (virtuelle puisqu’elle peut être levée par une justification écrite) des espaces invite à considérer qu’il peut y avoir d’autres éléments plus adéquats qui sortiront du paquet et que le dépassement de la limite ou le déplacement d’une carte pourront avoir une incidence sur la notion que nous sommes en train de travailler.

Cet aspect, peu exploité dans cette version, peut être davantage mis en avant dans un exercice plus restreint où il serait demandé aux apprenants de bien réfléchir aux relations et où chaque déplacement / dépassement serait “sanctionné” (symboliquement afin de mettre de l’enjeu dans le fait de poser une carte). Par restreint, j’entends l’idée selon laquelle les apprenants seraient au courant d’incompatibilité et de relations qui, si elles ne sont pas respectées, apparaîtraient comme inadéquates (là où l’utilisation de ce dispositif dans cet atelier se veut exploratoire).

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