Batman White Knight

Masque et identité

Personnage incontournable de la pop’culture, Batman a souvent fait l’objet d’analyses philosophiques sur la question de la justice et de la légalité. Tantôt figure du vigilantisme, tantôt avatar du devoir moral, icône de la pop’philo, la figure de Batman a été interprétée de nombreuses fois en des sens différents. Favorisée par un système éditorial où les “super-héros” appartiennent à des maisons d’édition et non à des auteurs, l’évolution du justicier de Gotham city prend une direction particulièrement savoureuse dans ce récit de Sean Gordon Murphy.

Cette aventure de Batman débute (chronologiquement) par une énième course poursuite entre la chauve-souris et son meilleur antagoniste : le Joker. Arrivés dans une usine qui fabrique des médicaments, Batman et le Joker en viennent aux mains échangeant leurs visions de Gotham en même temps que les coups. C’est alors que le Joker, vaincu, annonce que le véritable problème de Gotham n’est autre que Batman. Dépassant la ligne qui le sépare d’une action légitime, Batman force alors le Joker à ingérer des pilules présentes sur place avant de le remettre à la police impuissante face à cette violence.

Contre toute attente, les effets de ces pilules vont guérir le Joker qui “redeviendra” Jack Napier. Fort de cet état nouveau et grâce à ses capacités intellectuelles hors normes, Jack entamera des études d’avocat et finira par obtenir sa libération. Ayant pour ambition de racheter ses fautes et de nettoyer Gotham de sa violence, il ira jusqu’à entamer une carrière politique en s’appuyant sur les quartiers populaires de Gotham. Pendant ce temps, Batman, ne pouvant croire à la sincérité de Napier, n’aura de cesse de l’espionner et d’intervenir dans sa campagne. Par ses maladresses et sa perpétuelle suspicion, il finira par perdre la légitimité qu’il avait acquise par des années de lutte contre le crime. S’ajoutera à ce bras de fer la traditionnelle flopée de super-vilains qui n’auront de cesse d’amener du chaos dans une Gotham qui commençait à envisager un avenir sans le Joker.

Récit étonnamment politique et assez jouissif dans l’utilisation qu’il fait de l’univers Batman, Batman White Knight de Sean Gordon Murphy propose, en plus des nombreuses réflexions autour de la justice et de la loi propres à cet univers, un début fertile de réflexion autour de la question de l’identité, des rôles que l’on se donne et de la manière qu’ils ont de nous déterminer. Œuvre propice à l’interprétation et à l’exploration d’hypothèses philosophiques, cette histoire est un excellent divertissement qui présente en synthèse de nombreux enjeux de la licence.

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